vendredi 19 juillet 2019

Exposition Edgar Mélik, musée de Cassis

Entrée libre, mardi, mercredi, jeudi, vendredi  et samedi, de 10h à 12h30 et de 14h à 18h (catalogue d'exposition en vente sur place).

Le musée de la ville de Cassis présente cet été jusqu'au 28 septembre une collection d’œuvres du peintre Edgar Mélik (1904-1976), né à Paris, formé dans les académies de Montparnasse, et qui s'installera à Marseille, puis dans le château de Cabriès, à partir de 1932. Il a emporté avec lui son goût du surréalisme, sa passion de la littérature (Rimbaud, Lautréamont, Nietzsche) et son amour de la musique classique. Tout ce bagage culturel nourrira sa peinture pendant plus de 40 ans. Vous découvrirez toutes les époques de son évolution picturale, avec sa prédilection pour le corps humain et le portrait. Une matière riche par ses couleurs (de l'ocre aux couleurs primaires) et par son épaisseur généreuse (voie ouverte par Jean Fautrier et Picabia)..
Un des tableaux les plus anciens est un paysage du village perché de Cabriès, éclairé par la lune, avec un homme au chapeau melon vu de dos (1935). Une figure de Bouddha aux couleurs ocres signe son intérêt pour l'Orient, intérêt propagé par les surréalistes et un certain Antonin Artaud.  Mélik ne déclarait-il pas en 1942 : "Né parisien et d'atavisme asiatique."


La grande salle du musée de Cassis, avec ses piliers en bois (ensemble d'une grande harmonie)
Une des toiles les plus somptueuses représente deux femmes, l'une est habillée de tissus rares, l'autre est nue et nous regarde avec ses lèvres rouges en relief, matière sortie du tube de peinture. Au sol, des chapeaux et une bouteille lapis lazuli. "La beauté sera convulsive ou ne sera pas " proclamait André Breton.
En 1954, Mélik peint une cavale multicolore dont le grand œil bleu nous fixe avec toute la force de l'humour qui intrigue. Elle rappelle furieusement la fantaisie du cheval dadaïste créé par Picasso et Cocteau pour Parade en 1917.
L'Autoportrait de Mélik présente un visage parcouru par une cicatrice, de haut en bas, une moitié vivante, l'autre morte. Semblable à certains autoportraits dessinés par Antonin Artaud, il pourrait s'inspirer d'un épisode des Contes de Maldoror, de Lautréamont, celui de la foudre qui frappe la créature sur laquelle s'acharne son Créateur.
Un tableau représente Jeanne La Pucelle introduite à Chinon et qui va reconnaître le roi Charles VII.  La scène est exactement celle où Jeanne est accompagnée par  le comte de Vendôme, grand maître de l'hôtel du roi. Mélik s'inspire d'un film de l'époque comme il s'inspirera des arts les plus divers pour créer ses propres représentations poétiques. Ainsi le mime Marceau qu'il a vu inventer Bip au théâtre du petit Montparnasse lui inspire un portrait flamboyant où on retrouvera tout le maquillage, le  visage blanc et les lèvres rouges, le chapeau d'où émerge une fleur, et un personnage en queue-de-pie vu de dos.
Dans une vitrine on peut voir un des 10 dessins qu'il réalisa rapidement au cours d'un spectacle d'Edith Piaf, bouleversé par sa voix. Il rédige plus tard, après sa mort en 1963, 10 textes émouvants sur l'artiste disparue qui hante toujours ses nuits.
Une autre femme traversera la vie de Mélik, veuve du grand écrivain Antoine de Saint Exupéry, et peintre elle-même. Le Portrait de Consuelo de Saint Exupéry a l'exubérance que tout le monde reconnaissait à cette belle jeune femme du Salvador qui avait séduit les surréalistes dans les années 1930, et dont Man Ray avait réalisé de merveilleux portraits photographiques pour sa série Congo. Elle passera aussi voir et soutenir ses amis surréalistes à Marseille en 1940, à la villa Air-Bel.
Le Portait de Consuelo (1950) exprime toute cette vitalité et Mélik a incorporé les propres cheveux de la jeune femme dans une chevelure devenue rousse par la magie de la peinture.
Dans la même petite salle vous verrez un autre visage où la peinture matière fait, par endroits, plusieurs centimètres d'épaisseur. Vu de trois-quarts, la moitié du visage dans l'ombre est devenue bleue tendre. Un personnage de petite taille encadre le visage et lâche une pluie d'or. Dans un médaillon, un cœur.
 Un autre tableau évoque un univers imaginaire et chaotique avec un cheval, un corps qui dérive dans un fleuve, un buste en plâtre et sur le côté gauche un jeune homme dont le profil rappelle parfaitement le dessin de Paul Verlaine représentant Arthur Rimbaud fumant (1872). Evocation libre du Bateau ivre !
A l'étage, repères biographiques
Beaucoup d'autres tableaux vous attendent et vous interrogent. Mais laissez-vous d'abord séduire par la liberté et la fantaisie des sujets, de la matière comme des combinaisons de couleurs. 
L'exposition fournit de nombreuses informations pour cerner les sources et la vie de Mélik (une biographie succincte sur une feuille à emporter, un grand panneau avec repères biographiques, des vitrines avec de nombreuses photos et articles de presse, et une version en anglais de la bio.).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire