jeudi 27 septembre 2012

Un article sur Var Matin

 
Mélik à Saint Cyr sur Mer : injuste destin
 
                   "Il avait "l'oeil moderne". "Il", c'est le peintre français Edgar Mélik (1904-1976). L'oeil moderne c'est, à la fois, le titre donné l'hiver dernier à une rétrospective Edvard Munch au Centre Pompidou et une formule qui colle parfaitement à Edgar Mélik. Comme Munch, Mélik aura-t-il le droit un jour à une consécration parisienne? Pourquoi pas? Ces deux grands n'ont pas que les initiales communes. Notre E.M du sud, qui a vécu plus de la moitié de sa vie à Cabriès, près d'Aix en Provence (dans un château totalement inconfortable, aujourd'hui restauré en musée Mélik), vaut bien le E.M du Nord et le musée qui porte son nom à Oslo. En tout cas, pour Munch et Mélik, mêmes combats et mêmes échecs - à des âges différents?- face à un mal existentiel profond et quelques vilaines addictions. Ceci pour la vie privée (marquée, chez le très Nietzschéen Mélik, par un repli sur soi et un fichu caractère que les inconditionnels lui ont toujours pardonné...). Côté vie artistique, les deux E.M. ne se sont jamais rencontrés, mais que d'analogies! Le même expressionnisme douloureux, les mêmes couleurs ensorcellantes (des jaunes ardents tendance Van Gogh, des beiges, des oranges surtout), les mêmes distorsions des corps et des visages. Tout ceci saute vite aux yeux lors de la visite de la grande expo qui se tient actuellement au Centre Sébastien d'Art, à Saint Cyr sur Mer.
Prenons un exemple : deux toiles importantes d'Edgar Mélik exposées parmi une cinquantaine d'autres, semblent conduire directement au fameux Cri d'Edvard Munch. Il s'agit du portrait poignant d'une femme, aussi désespérée et perdue qu'en son temps (1895) ce pauvre Norvégien hurlant son angoisse en se cachant les oreilles. Un deuxième tableau de Mélik, violemment coloré, aux limites de l'abstraction, cadre aussi parfaitement avec le décor ondulant -certains disent sanglant- du Cri.
Dommage qu'à l'heure des bilans, quelque chose ne cadre plus du tout dans les analogies. Mélik est resté injustement méconnu. Munch, rapporte aujourd'hui des fortunes : un de ses quatre Cri, vendu le 2 mai dernier à New York, a pulvérisé le record mondial des enchères avec 119 millions de dollars!"

M-P Paulicevich

1 commentaire:

  1. Un bel article, bien écrit et intéressant. C'est bien vu : pourquoi tant d'écard de postérité entre les deux EM???

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