Exposition : L’éternel Mélik à (re)découvrir au musée de Cassis jusqu’au 28 septembre
mardi 25 juin 2019
C’est à Danielle Milon, maire de Cassis, chevalier des Arts et des Lettres que revient cette initiative : accueillir Edgard Mélik dans le Musée Municipal Méditerranéen de Cassis. Lors de son intervention, elle a évoqué son immense respect pour l’artiste « dont la peinture est unique, en marge de toutes les modes. Mélik ? C’est une constante recherche de l’expression de l’humain ». L’originalité de cette exposition est d’avoir fait appel à des collectionneurs, amoureux de Mélik, qui, pour nombre d’entre eux, n’ont jamais vu leurs toiles exposées. Le musée Edgar Mélik de Cabriès a également prêté plusieurs œuvres. Résultat, cette expo conduit à d’incroyables découvertes, permet de voir des tableaux extraordinaires, dont nombreux racontent l’histoire de l’artiste à différentes étapes de sa vie. Alors qui était vraiment Mélik ?
Pour Olivier Arnaud : Un peintre en marge de toutes les modes !
Consuelo, l’épouse de Saint-Exupery a laissé Melik, qui faisait son portrait, lui couper ses cheveux qui ont ensuite été collés sur la toile (Photo C.L.) |
Le mime Marceau , un grand ami de Mélik (Photo C.L.)
Pour Olivier Arnaud, professeur de Philosophie, l’incroyable vie de Mélik est un trésor de surprises. « Edgar Mélik est né à Paris en 1904 dans une famille aisée de joailliers, la famille de sa mère est originaire de Constantinople, famille connue dans le négoce international. Celle du père est de Tabriz en Perse, famille francophile spécialisée dans l’artisanat de luxe de la joaillerie. Dans la famille de Mélik on connaissait la langue arménienne (communauté, religion) mais le français était la langue normale. Si bien que lorsque tout jeune, dans les années 1880, le père d’Edgar Mélik arrive à Paris avec ses frères, ils vont « franciser » leur nom et garder celui de Mélik. Edgar Mélik était d’ailleurs très fier de dire qu’il avait un arrière-grand-père enterré au Père Lachaise, et un grand-père naturalisé français par Napoléon III »
Rechercher tout ce qui est novateur
Olivier Arnaud poursuit : « Tout jeune, Mélik, alors qu’il fait ses études à la Sorbonne, va découvrir ce qui l’accompagnera toute sa vie : la peinture moderne (Matisse, Picasso) et tous les courants novateurs, le surréalisme dont il inventera plus tard une forme très personnelle, mais ses sources ne s’arrêtent pas là. Les grands auteurs de la révolte le passionnent aussi (Rimbaud, Kafka et surtout Nietzsche). C’est un homme curieux de tout, et dans tous les domaines. La voix d’Édith Piaf le bouleverse ? Il réalise 10 dessins pendant un de ses concerts. Beaucoup plus tard en 1963, il écrira 10 textes poétiques pour les accompagner » Cette exposition est une chance de voir les différentes époques de cet artiste qui a fait ses premières gammes dans les ateliers de Montparnasse puis très vite inventera une forme très personnelle du surréalisme. Il a ainsi traversé le temps, les modes, avec cette force qu’il avait en lui, cette puissance qui fait que 20 ans ou 50 plus tard, un tableau de Mélik on l’identifie tout de suite.
Le pari gagné avec Consuelo de Saint-Exupéry
L’un des grands tableaux qui anime cette expo est celui de Consuelo, l’épouse de l’écrivain Antoine de Saint-Exupéry. Artiste elle-même, elle était en très bon terme avec Mélik au point de le laisser lui couper les cheveux qu’il va ensuite intégrer au grand portrait qu’il fait d’elle, autour de son visage puis les peindre ! 50 ans après, comme on peut le voir à cette exposition, la toison de Consuelo est toujours aussi pimpante et fantasque ! Et le tableau exceptionnel !
Cette fameuse « sensibilité tonique » comme il disait
En 1930, il a réalisé sa première exposition à Paris, à la galerie Carmine, rue de Seine. Il a déjà son caractère bien trempé. Et deux ans plus tard, décide de quitter Paris pour l’Orient. Mais c’est Marseille qui va devenir son port d’attache. La galerie Da Silva, qui est à l’époque « la » galerie où il faut s’exposer, lui organise une exposition en 1934, puis une autre en 1936. Il se plaît à Marseille. Les Cahiers du Sud de Jean Ballard, la troupe de théâtre de Louis Ducreux et André Roussin, font désormais partie de son univers. C’est d’ailleurs André Roussin qui, en 1934, lui fera découvrir le vieux château de Cabriès. dont il va faire son royaume. Pas de souci pour la décoration : il couvre les murs et la chapelle de fresques oniriques. Il commence par peindre des scènes de rue, le port de Marseille et quelques paysages. « Des ocres, il passera à la composition subtile des couleurs, avant de se limiter au rouge, bleu et jaune. Il attache de l’importance à la matière qui doit faire corps avec sa peinture ». Et pour cela, souligne Olivier Arnaud, « il utilise tous les supports disponibles : toile de jute, bois, fibrociment, dalle de pierre, etc.. Il est parvenu à créer un univers de figures humaines et de paysages abstraits qui d’une certaine façon expriment son expérience de la vie où se mêlent le rêve et la réalité ». Il mélange les pigments purs de couleur au blanc de zinc, et c’est l’irradiation de ses couleurs qui impressionne toujours. Mais si Mélik a su s’inspirer de toutes les formes contemporaines de l’art pour inventer ses propres formes plastiques, pendant 40 ans, il va varier les formes et les techniques. Comme un éternel recommencement.
Claire Cellier
Claire Cellier
L’Exposition Mélik au musée de Cassis est ouverte jusqu’au 28 septembre
Le Mercredi, le jeudi, le vendredi et le samedi, de 10h à 12h 30 et de 14h à 18h (Entrée libre)
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