vendredi 12 juin 2020

Réouverture du Musée et redécouverte d'une fresque d'Edgar Mélik

Après le confinement le musée-château  Edgar Mélik rouvre ses portes au public pour l'été 2020 avec l'exposition de quatre artistes femmes qui réinventent la peinture bulgare.
Horaires : du vendredi 12 juin au 27 septembre, 3 jours par semaine (vendredi/samedi/dimanche),
de 10h à 12 H et de 14h à 18 h (Entrée : 4,50 € par personne, 3 € en groupe, gratuit pour les enfants de moins de 12 ans).

La Provence, le 12 juin 2020
                  Pendant cette période de confinement le Directeur du musée, Arnaud de Villeneuve, a travaillé à un inventaire exhaustif des œuvres du musée. A cette occasion il a mis au jour une fresque qui était cachée derrière un grand meuble. On connaissait bien sûr son existence mais elle redevient visible avec ses couleurs qui brillent comme au jour où Mélik la créa. Figure féminine infiniment fragile elle nous montre son étrangeté au monde comme au premier jour.


Peinture magique, on voit enfin le regard hypnotique de cette jeune femme nue. Il faut bien admettre que le château-musée de Cabriès est en lui-même une oeuvre d'art unique dans la région puisque Mélik utilisa les niches des placards, les grands murs des salles et la petite chapelle du XVIII° siècle pour créer un cycle fabuleux d'hallucinations colorées.  Une histoire merveilleuse avec ses combats et ses femmes mystérieuses qui nous content un mythe qui n'est pas encore déchiffré.
Il faut imaginer ce château chaque soir, éclairé par quelques bougies à la lumière vacillante, avec ses fresques qui soudain prenaient vie. Accrochés sur les murs, des dizaines de tableaux aussi colorés, puis des tableaux alignés le long des murs, à même le sol. L'impression produite par cette "caverne primitive" selon l'expression même de Mélik devait être extraordinaire.

Cette Figure mythique de la femme obéit au code de la peinture de Mélik. Le corps occupe tout l'espace en creux sur un fond abstrait où l’œil isole progressivement une multitude de détails dont les formes et les couleurs valent d'abord pour leur valeur plastique et non représentative.


























Mais l'essentiel est dans cette tête qui nous fixe avec ses lignes dessinant la structure solide d'un visage. Les arcades des yeux, les lignes fortes du nez, et l’œil déporté sur le bord du visage.



La position des yeux obéit à une règle non-écrite de Mélik qui déforme le visage simplement en déplaçant les yeux... des yeux merveilleusement bleus qui sont extatiques, car ce qui compte, ce n'est pas vraiment le spectateur qui passe distraitement pour la voir, mais ce qu'elle regarde - intérieurement - pour l'éternité.




Deux petits points bleus marquent les orifices du nez, cette respiration intérieure qui en fait une être vivant.

Les deux seins sont parfaitement dessinés avec leurs courbes qui se croisent. Ils laissent voir entre eux une cavité mystérieuse où la tache bleue évoque une poche amniotique ou l'espace sombre d'un organe inconnu. Chacun invente avec son imagination...





















Les seins nus sont toujours chez Mélik une exaltation de la sensualité du corps et de sa beauté solaire.

Edgar Mélik, Jeune fille aux seins nus, HST, collection particulière
On retrouve quelquefois chez Mélik cette représentation double du corps en une architecture biologique permettant de saisir le mystère total du corps. Sa structure visible est exaltée comme sa structure intérieure habituellement cachée. Le tableau suivant en est un très bel exemple, beaucoup plus tardif et dont la date est certaine (1961). Le visage a perdu sa forte structure géométrique, le regard est infiniment mélancolique. Mais paradoxalement, c'est l'intérieur du corps qui est exaltée comme une immense structure cristalline.

Edgar Mélik, Femme mélancolique, 1961 (fibrociment), 120 x 67 cm, collection particulière

Venez nombreux voir la collection des peintres bulgares et profitez-en pour passer de fresque en fresque, depuis la chapelle puis de salle en salle. Refaites ce parcours initiatique et laissez vous surprendre par les figures de ces jeunes déesses qui Mélik peignait pour prolonger ses rêves.
Avant de prendre le grand escalier qui monte à l'étage vous imaginerez la grande fresque, aujourd'hui disparue, qui représenta un homme fasciné qui tend son bras vers une déesse qui préfère détourner sa tête pour regarder les visiteurs qui arrivent.

Mélik devant la fresque disparue (c. 1955), collection du musée
Une bien noble déesse avec sa coiffe rouge et ses boucles d'oreille jaunes, au sein bien visible.

Edgar Mélik, Femme à la coiffe rouge (photo couleur, Fred Bahr), 1970, collection du musée
Edgar Mélik, L'homme aux yeux bleus (photo Fred Bahr), 1970, collection du musée



                             Olivier ARNAUD, secrétaire de l'association des Amis du musée Edgar Mélik




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